Tout est parfait ! Juste attendre que le poison agisse !
Combien de temps, déjà ? Juste une minute absorbée,
Dieu, que cela semble vite, j’appréhende les prémices,
A me tordre dans le vide, j’en oublie que ce fut exprès.
Sa vie était plus précieuse que la mienne, je l’ai perdue,
Et, de mourir peu m’importe, même si j’ai mérité l’enfer,
Vivre sans aimer, un sacrifice qui ne vaut pas d’être vécu,
Elle était mon reflet, ma raison d’être sur cette vieille terre.
Combien de temps, maintenant ? Cinq minutes écoulées,
Il me faut faire vite, bientôt le jour baissera sur mes yeux,
Je la revois, souriante, dans la clarté mouvante de l’été,
Faisant mine d’être surprise de mes baisers insidieux.
Il fallait voir à quel point nous nagions dans le bonheur,
De nouveau, en écho, retentit sa jolie voix cristalline,
Elle lisait, attendrie, mes poèmes, une larme au cœur,
Je l’écoutais, subjugué, ô ma muse, ma divine héroïne.
J’ai les tempes en sueur, les membres envahis de fièvre,
Ironie du sort, cette lettre sera bien courte pour un adieu,
Il a fallu qu’elle me quitte! Peut être, courir un autre lièvre ?
Que sais-je ? Je ne fus certes point à la hauteur de ses cieux.
Enfin l’irréparable est fait! Mais quel est ce bruit de pas ?
On s’approche de moi, est-ce la mort annonçant son glas ?
Chéri, je suis revenue d’Italie, j’étais juste partie à Brescia,
Et, elle ajouta : Qu’as-tu fait des pilules pour les poils du chat ?
Alain Meyer-Abbatucci