Le petit fils de l'holocauste

Sous la cendre, des voix réveillent ton origine, si près ou si loin de l’holocauste,
Retourne-toi vers ton papa et cherche sa famille, un brouillard triste de fumée,
Mais qu’ont-ils bien pu faire de si terrible les nazis pour que tu te retrouves bien né ?
Catholique de surcroît, on t’as fait endosser une autre croix, tel un pacte de Faust.

Élevé dans l’ignorance de ta lignée paternelle en te portant sur des armoiries protectrices,
Il n’y a que la consonance du nom hébraïque que l’on t’as martelé en origine alsacienne,
On ne peut en vouloir à ses parents de protéger leur progéniture des folies destructrices,
Car suite à toute cette horreur, aucun avantage d’être juif, puisque personne ne les aime.

Ton grand père est mort d’un accident de vélo, maudit tramway ou plutôt Gestapo ?
Pourtant ses affaires marchaient bien, il était associé avec Lévy qui fut vite déporté,
Il dirigeait les magasins Gaspy aux biens spoliés par Vichy mais n’eut point de bobos,
Catho et associé à des juifs, à cette époque ? Mais sa femme fut de même engagée.

Bien sûr un avis de décès dans un journal toulousain situe sa mort après la libération,
Voila la preuve officielle brandie pour sa non appartenance à la communauté juive,
Mais pourquoi terrer son fils dans une ferme si ce n’était pour échapper aux persécutions ?
Et que sont devenues les familles Schmitt, Hechinger, Lorentz, et autres qui suivent.

Un acte d’extrait de naissance de la mémé souligne que son père est de religion catholique,
Étrange qu’une origine religieuse soit ainsi soulignée sur un acte officiel ? Pour se protéger ?
Et, de toutes les photos de famille, parmi les images pieuses et divers certificats honorifiques,
Tu n’as vu ni de croix, ni de chapelet autour du cou de ta grand-mère, que faut-il en penser ?

Une chape de plomb sur ton errance, l’infernale interrogation, suis-je ou ne suis-je pas ?
Il te faudra attendre encore, jusqu’à la mort du père pour soulever le grand drap blanc,
Et, là, si le sexe dévoilé porte une coupure, alors, tout un passé d’horreur te submergera,
Mais tu auras survécu, loin de la haine raciale des imbéciles avec le rire joyeux de l’enfant.

Conclusion :

Des hommes échappèrent à la solution finale et leur propre chair respire toute la douleur,
Mais mieux vaut fuir les fantômes et la malédiction d’une religion pour affronter le monde,
Et, si la liberté pour un juif, c’est de n’être plus juif, l’avenir se profile vers une autre couleur,
Bleu d’horizon et non noir de suie, se taire et laisser les cauchemars survivre dans leur tombe.

Hitler aurait donc gagné la guerre, avec la multitude des conversions de l’après Lager,
Et, cette éternelle menace qu’un jour tout recommencera, étoile maudite de l’être élu,
Sa haine en lui-même fut si forte qu’il en brûla son âme en exterminant tous ses pères,
Et, aujourd’hui, ses bourreaux savourent dans l’ombre leurs croyances qui se sont tues.

Dernières nouvelles : Tu as demandé à ta maman pourquoi ton père était circoncis ?
Elle t’a répondu, que suite à une infection , il a du être opéré à 63 ans du zizi ;
Étrange, ce fut la même réponse qu’elle te donna lorsque tu avais 13 ans et les âges ne coïncident pas ! Tu lui fis remarquer et s’ensuivit un grand silence ! Ainsi, va la vie !
Plus besoin d’attendre le lever du drap blanc ! Et le mensonge reste toujours présent !

Alain Meyer-abbatucci